Rencontre avec Flavian, CTO d’Apricity !

Breton d’origine, c’est sur ses terres Rennaises que Flavian effectue ses classes préparatoires avant d’intégrer Centrale Paris. Familier avec la physique, ce sont finalement les sciences de l’information puis la robotique qu’il étudiera : « Je savais déjà coder des programmes, donc je voulais voir autre chose, et j’ai choisi un stage au CEA dans le pôle robotique ». Après son stage de fin d’études, ce grand passionné de musique est rattrapé par l’entrepreneuriat : « Avec d’autres personnes, on a voulu créer un Shazam en SaaS ». Une aventure riche qui dure deux ans et demi et une équipe qui grandit vite à une dizaine de personnes : « J’étais le directeur technique mais le problème c’est que je ne savais pas comment construire un produit digital, je suis donc allé chez Theodo, un écosystème de startups ».

Chez Theodo, vous pouvez être amené à travailler sur des projets divers et variés. Après un an sur des projets web, Flavian intègre une startup de l‘écosystème, Sicara, qui œuvre sur les problématiques liées à la data science. En tant que bras droit du CTO, il contribue à développer les équipes et à atteindre un objectif de 35 personnes. Durant cette expérience, Flavian fait ses armes dans la gestion de projets en interne mais surtout en recrutement, une coutume : « Chez Theodo, on doit faire passer un certain nombre d’entretiens pour monter en compétences, j’en ai fait entre 30 et 50 donc ça m’a beaucoup servi pour la suite ». Toutes les belles histoires ont une fin, et Flavian quitte Sicara pour un grand voyage en Amérique du Sud.

À son retour, il se lance en freelance et devient le CTO par intérim d’Apricity ! Après quelques mois concluants et une très bonne entente avec Caroline, la CEO, Flavian devient CTO à temps-plein : « Leur CTO partait et j’aimais beaucoup l’équipe. Après 6 mois de mission, j’étais bien intégré ». Aujourd’hui, Apricity prépare une levée de fond pour s’agrandir et poursuivre son fort développement à l’international.

Cadet d’une fratrie de 3 frères, cette fibre entrepreneuriale, Flavian l’a stimulé auprès de ses frères, investis en tant que freelance et directeur d’une agence  web : « Quand j’étais plus jeune, mes frères programmaient, ça me donnait envie. Je répliquais en codant des sites, avec un ami, sur des  jeux-vidéos ».

Aujourd’hui, Flavian nous livre ses retours d’expériences en tant que CTO, sur le recrutement :

Quel rôle avais-tu en tant que Bras Droit du CTO chez Sicara ?

Mes enjeux étaient de challenger les équipes, faire du management, dont certains séniors, et également de mettre en place des formations. Mes missions n’étaient pas clairement définies, on se les partageait avec le CTO mais j’avais pris le lead sur l’organisation de cercles de qualité : organiser des discussions avec des personnes de différentes équipes où ils partageaient des outils qu’ils avaient testé sur leurs projets. Il fallait alimenter des idées des uns et des autres et donner des clefs pour résoudre certaines problématiques. J’étais aussi impliqué sur les problèmes du quotidien des équipes, en tant que Sparring Partner sur des bons projets à tester. Enfin, je touchais un peu au commercial.

Comment as-tu appréhendé les recrutements ?

Je m’étais bien impliqué dans les recrutements dans ma première boîte. Je n’avais pas fait appel à des chasseurs, j’avais mis des annonces un peu partout et reçu des candidats très variés mais certains n’avaient au final aucune expériences de programmation, alors qu’ils venaient d’écoles d’informatique. Ou alors ils étaient très forts mais niveau personnalité ça ne matchait pas avec l’équipe. J’ai mis une énergie folle pour trouver les bons membres de l’équipe technique à ce moment-là.

J’ai une petite anecdote, un chasseur nous a trouvé notre premier CDI, qui est maintenant un ami. Quand on a fermé notre première startup, il est parti leader la partie infrastructure dans une startup qui fait maintenant partie du Next40. J’ai eu l’occasion de travailler avec lui sur un projet Sicara et son équipe d’infra était la meilleure que j’ai vue. Ca fait plaisir en quelque sorte (rires).

Qu’est-ce que tu en tires comme leçon ?

Tout ce que je sais du recrutement, je l’ai appris chez Theodo. Au moment de construire notre standard Apricity, ce qu’on a gardé, c’est de travailler avec des chasseurs de confiance, comme Upsourcing. J’ai aussi allégé la contrainte des top écoles, je voulais des profils diversifiés. On avait un test de code assez scolaire chez Theodo, et on a fait un test plus basé sur le métier. Il s’agit de créer une application web et d’échanger sur ses choix lors d’un entretien axé sur la qualité de développement. Comme chez Theodo, même si tu passes les tests, tu débriefes toujours avec quelqu’un. Le but n’est pas de savoir si tu as bon ou faux, mais aussi de savoir pourquoi car la personne à qui tu dis « non » doit quand même sortir en ayant appris quelque chose.

On invite également la personne dans l’open space, pour qu’elle rencontre le reste de l’équipe. Ça permet d’impliquer les autres membres de l’équipe dans le recrutement (c’est important !), on a aussi mis en place un système de cooptations avec des primes.

Sur quoi tu es le plus regardant chez un candidat ?

Sur la qualité du code, d’autant plus que l’on travaille dans le domaine médical, je préfère des gens qui se demandent s’ils sont en train de bien faire plutôt que d’aller vite. Je ne cherche pas des gens qui savent prototyper vite mais quelqu’un qui a l’envie et qui fait attention à ce qu’il fait.

En tant que CTO, comment inculquer une culture à son équipe Tech ?

Je ne pense pas qu’on « inculque » une culture, pour moi c’est le résultat d’interactions entre les gens. Au contraire, le seul effet direct que je peux avoir c’est de la briser ! Mon rôle c’est plutôt de créer les conditions pour que chacun dans l’équipe puisse contribuer à l’effort collectif pour avoir un service au top et apprendre à le faire de mieux en mieux tous les jours. Chacun va le faire à sa façon et à son rythme. Je crée ça grâce au Lean, en m’intéressant aux problèmes des gens sans jugement, en encourageant des discussions sur ce qui est important contre ce qui ne l’est pas, etc.

Le paradoxe du leadership c’est qu’une bonne culture puisse continuer même après mon départ. Pour l’instant je n’en suis pas là, j’ai encore beaucoup de progrès à faire.

Un conseil pour un CTO qui veut faire grandir son équipe Tech ?

Ne pas en faire trop, mieux vaut être sûr de ce que l’on fait.

Lire beaucoup, ce qui m’a aidé c’est de lire un livre sur un ancien commandant de sous-marin dans la marine américaine et il raconte comment il essaye d’en faire le moins possible. Il s’appelle Turn This Ship Around de David Marquet [ndlr : ce serait top de mettre les URL], on l’a lu avec le book club de Tech.Rocks (que je vous invite d’ailleurs à rejoindre ! Le prochain livre est A Seat at the Table). Sortir des théories du management qui montrent leurs limites et lire des livres sur la motivation des salariés. Le champ de lecture le plus riche pour moi c’est le Lean Management pour un CTO, des livres comme Learning to Scale de Régis Médina, The Lean Manager de Michael Ballé, The Principles of Product Development Flow de Donald Reinertsen, et j’aimerais bien lire La Pratique du Lean Management dans l’IT de Marie-Pia Ignace. J’ajouterais qu’il ne faut pas non plus oublier les livres techniques, dont les meilleurs sont référencés dans le repository awesome-cto.

Il y a une communauté française assez active avec de belles boîtes qui sont de ce mouvement. Le Lean ne donne pas les bonnes pratiques mais plutôt une manière de voir les choses pour scaler avec fluidité, la différence c’est qu’il demande d’avoir une vue système dans son ensemble plutôt qu’une vue où le manager est le grand commandant.

Quels conseils tu donnerais pour un jeune qui aspire à devenir CTO ?

Se poser la question du pourquoi il veut devenir CTO, car la vérité c’est qu’il y a beaucoup de rôles de CTO. Par exemple un CTO d’une startup de 5 personnes a un quotidien équivalent à un tech lead dans une plus grosse structure, à ceci près qu’il va devoir aussi anticiper les problèmes de protection de données, réparer les ordinateurs qui cassent, le réseau qui ne marche plus, etc. Puis à partir d’environ 15 personnes dans l’entreprise le rôle change, tu es plus « en indirect ». Et ça continue à chaque nombre de Dunbar.

Mon meilleur conseil, et ça s’applique plutôt pour des CTO de petites structures donc moins de 100 personnes (je connais que ça), c’est de voir pleins de domaines différents autour de la tech, pour être polyvalent car le CTO c’est la personne qui a la responsabilité de toute la Tech et du fonctionnement de l’équipe. Pour toute zone de ton entreprise qui ne sera pas couverte, ce sera au final toi le responsable. Donc il faut savoir faire le job et si tu ne sais pas, savoir repérer vite là où ça coince et trouver les bonnes personnes pour aider. Voir comment les autres boîtes sont faites, il y a des communautés de CTO comme Tech.Rocks qui est une très bonne communauté pour rencontrer d’autres personnes avec les mêmes problématiques. Ça nécessite de sortir de sa zone de confort. En tout cas, ce sont les conseils que je me serais donné.

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